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Des jeunes réclamant justice pour les victimes du bombardement du 3 mai au camp des déplacés de Mugunga, proche de Goma, dans l'Est de la République Démocratique du Congo Des jeunes réclamant justice pour les victimes du bombardement du 3 mai au camp des déplacés de Mugunga, proche de Goma, dans l'Est de la République Démocratique du Congo  (ANSA)

Tueries à Goma, les condamnations de la CENCO

Suite au bombardement du camp de déplacés de Mugunga, à l’Est de la RDC, qui a fait une dizaine de morts et des centaines de blessés, le 3 mai, la Conférence épiscopale nationale du Congo dit son indignation et sa condamnation. Dans un message rendu public lundi 6 mai 2024, les évêques demandent une enquête internationale et indépendante, afin d’établir les responsabilités. Elle appelle le gouvernement congolais à plus d’efficacité dans la résolution du problème de l’Est du pays.

Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican

Vendredi 3 mai, le camp de déplacés de Mugunga, dans la périphérie de la ville de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, a été bombardé dans la matinée. Les autorités provinciales ont fait état de 14 morts, tandis que des mouvements citoyens parlent de 17 morts. D’autres sources évoquent également une centaine de blessés. Le bombardement n’a pas été revendiqué et les auteurs n’ont pas encore été identifiés. Le gouvernement congolais, les États-Unis et la Communauté des États d'Afrique australe (SADC), qui a déployé une force dans la région, ont accusé le groupe armé M23 d'en être à l'origine.

Appel à une enquête internationale pour établir les responsabilités

Dans le message signé par son secrétaire général, Mgr Donatien Nshole, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) se dit indignée et condamne cet acte ignoble, commis par «des inciviques» non encore identifiés. Les évêques du Congo demandent à l’Union Africaine (UA) et aux Nations unies «de diligenter une enquête indépendante pour établir les responsabilités, et de ramener les différentes parties prenantes impliquées dans ce conflit qui a déjà fait beaucoup de morts, d’arrêter immédiatement la guerre».

La Cenco dit son étonnement du fait que le M23 appuyé par l’armée rwandaise et les forces loyalistes des FARDC s’affrontent proches des camps de déplacés qui existent depuis longtemps, exposant ainsi en permanence des populations qui vivent déjà comme des laissés pour compte. Elle se dit également surprise par le fait que ce drame survient dans une ville hyper militarisée comme Goma, où beaucoup d’indications étaient données, comme des signes d’alerte, pour pousser les autorités compétentes à sécuriser la population.

Une barbarie qui constitue un déni de l’humanité

Les évêques congolais «condamnent avec la dernière énergie cette barbarie qui constitue un déni de l’humanité, et rappellent à ses auteurs que la vie humaine est sacrée et appartient à Dieu qui ne les laissera pas impunis». Tout en condamnant également l’adoption de la violence comme mode de résolution de conflits, les prélats invitent le groupe armé M23 à déposer les armes, car on ne peut pas prétendre sauver le Congo en tuant les Congolais. Ils demandent aussi au Rwanda d'arrêter son soutien à ce groupe armé rebelle. La CENCO adresse ses condoléances aux familles de ceux qui ont perdu la vie dans cette tragédie, ainsi qu’à Mgr Willy Ngumbi, et à tout le diocèse de Goma. Elle rassure aussi les blessés de ses prières «pour qu’ils trouvent le réconfort et la guérison de la part du Seigneur».

Ne pas se contenter «seulement des condamnations mielleuses et non engagées»

La Conférence épiscopale nationale du Congo invite le gouvernement congolais à plus de fermeté et d’efficacité dans la recherche de solutions pour mettre fin aux tueries que connait sa population, plutôt que de se contenter «seulement des condamnations mielleuses et non engagées». Elle appelle les autorités congolaises à évaluer, sans complaisance, les résultats auquel est parvenu le pays, par rapport à tous les sacrifices que la RDC a déjà consentis, y compris l’état de siège, dans les régions orientales. Victime d’une guerre imposée, la population ne sait plus à quel saint se vouer, déclarent les prélats. Les évêques réitèrent la pertinence de leur recommandation d’engager «une concertation des représentants des forces vives du pays, au-delà des clivages politiques, afin de créer une forte dynamique nationale pour parvenir ensemble à une solution acceptable». Une telle démarche, estime la CENCO, est une urgence qui s’impose, vu la situation actuelle du pays.

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07 mai 2024, 17:07