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Le Pape lors de l'entretien avec Canal Orbe 21. Le Pape lors de l'entretien avec Canal Orbe 21. 

Pour le Pape, il est hypocrite de parler de paix et d'armer la guerre

«Je suis préoccupé par le fait que les appels à la paix entrent par une oreille et sortent par l'autre», déclare le Souverain pontife dans cette interview enregistrée peu après la clôture du synode. Le Pape se dit préoccupé par la «tendance universelle à l'autodestruction par la guerre». Au sujet du Jubilé, il souhaite que ce soit «un temps de pardon», non «associé au tourisme religieux».

Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican

C'est un Pape inquiet qui ressort de l'interview de plus de 45 minutes accordée à la chaîne catholique argentine Canal Orbe 21. Inquiet de la «tendance universelle à l'autodestruction par la guerre», de l'«hypocrisie» qui consiste à parler de paix tout en «armant» les conflits. Préoccupé par la mort violente de mères, d'enfants, de civils innocents ou de jeunes envoyés au front, par le manque de dialogue et l'affaiblissement des institutions.

Une hypocrisie fondamentale

«Je suis préoccupé par le fait que les nombreux appels à la paix lancés par les organisations internationales entrent par une oreille et sortent par l'autre. Il y a aussi une hypocrisie sous-jacente: nous parlons de paix, mais nous armons la guerre», dénonce François, rappelant que «l'un des plus grands retours sur investissement en Europe, ce sont les usines d'armement. Ainsi, nous organisons des conférences et des réunions pour la paix, mais nous continuons à produire des armes pour tuer».

Le Saint-Père constate «une tendance universelle à l'autodestruction par la guerre». En particulier dans les guerres en Ukraine et en Terre Sainte, dit-il, «il y a des actions criminelles» et, faisant référence à Gaza, il ajoute: «Quand vous êtes face à une mère avec ses deux enfants qui passe dans la rue parce qu'elle est allée chercher quelque chose chez elle et qu'elle revient à la paroisse où elle vit et qu'ils la mitraillent sans raison, ce n'est pas une guerre, avec les règles normales d'une guerre. C'est terrible».

Un négationnisme empoisonné

Avec la même vigueur, il pointe du doigt le négationnisme ou les discours de haine qui ne contribuent guère au dialogue: «Le négationnisme est toujours un poison», déclare-t-il dans l'interview, «le négationnisme est suicidaire. Seule la réalité vous aidera à trouver une issue aux conflits».

Pour l'Église, il est important de savoir s'excuser, tout comme il est fondamental de savoir écouter. C'est précisément pour développer la capacité d'écoute qu'a été convoqué le Synode sur la synodalité qui, rappelle François, «embrasse les problèmes de l'humanité et de l'Église d'aujourd'hui, et cherche à les résoudre sur la voie du dialogue». À cet égard, François rappelle la rencontre avec les femmes qui ont participé à l'assemblée: une centaine d'entre elles ont «exprimé leurs idées avec courage, ce qui n'était pas le cas il y a 40 ans».

L'Église marche avec «tout le monde, tout le monde»

Dans la même veine, François précise ce «tous, tous, tous» qu'il veut être la marque de l'Église et qui, admet-il, a suscité quelques «bavardages». «Ils m'interrogent souvent sur l'admission dans l'Église et je dis ce que Jésus a dit dans l'Évangile: tous, tous, tous. Et les pécheurs? Tous mais tous à l'intérieur. Que tous dialoguent, et peut-être que si quelqu'un s'est faufilé avec de mauvaises intentions, avec une mauvaise attitude, qu'il s'en aille», dit le Pape. Il ajoute: «Beaucoup disent que l'Église devrait condamner ceci ou cela. Oui, elle condamne la moralité des gens, mais elle les accueille pour les aider à marcher. Aucun de nous qui sommes dans l'Église n'est un saint, nous sommes tous pécheurs et l'Église nous aide à résoudre nos situations déficientes».

L'austérité «criminelle» dans l'éducation

Se tournant à nouveau vers les jeunes, le Pape François blâme les modèles économiques d'austérité dans l'éducation et la culture dans certains pays: «Faire de l'austérité dans l'éducation est un suicide programmé d'un pays. On ne peut pas faire de l'austérité dans le développement éducatif d'un pays, c'est un crime», souligne-t-il sans mâcher ses mots. «L'éducation est une nourriture», c'est pourquoi «dans les pays un peu dictatoriaux, qu'il s'agisse de dictatures déclarées ou de dictatures déguisées», elle est l'une des principales «victimes». «Soit on vous fait de l'idéologie pour vous changer la tête, soit, dans le cas libéral, on l'élague lentement, n'est-ce pas? Et seuls les enfants de riches peuvent avoir accès à l'enseignement supérieur», affirme François.

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20 décembre 2024, 18:13