Cardinal Pizzaballa aux chrétiens de Gaza: vous êtes la lumière de notre Église

Le patriarche latin de Jérusalem a pu entrer dans la ville de Gaza ce quatrième dimanche de l’Avent, 22 décembre, et rejoindre le petit troupeau des fidèles autour du père Gabriel Romanelli, curé de la paroisse latine de l'enclave. Le cardinal Pizzaballa a ressenti une grande joie d’y présider la messe et de pouvoir administrer le sacrement de confirmation, prélude à celle de la Nativité qu'il célèbrera à Bethléem en Cisjordanie, le 24 décembre.

Delphine Allaire – Cité du Vatican

La veille devant la Curie romaine, le Souverain pontife s’indignait du refus d’entrer à Gaza présenté au cardinal Pierbattista Pizzaballa. Le lendemain, le patriarche latin a pu retrouver ses ouailles afin de célébrer Noël à l’église de la Sainte-Famille. Pour sa deuxième visite dans l’enclave depuis le 7 octobre 2023, le cardinal a laissé exprimer sa joie en toute dignité au début de son homélie dominicale: «Tout le monde voulait venir pour être avec vous et apporter des cadeaux, mais nous ne pouvions pas en porter beaucoup. Vous êtes devenus la lumière de notre Église dans le monde entier», a-t-il assuré dans la paroisse où sont réfugiés près de 500 chrétiens.   

«La lumière est ici, dans cette église»

«La lumière est ici, dans cette église», a abondé le cardinal de Jérusalem, invitant à se tourner vers Jésus, «le seul qui nous donne la force d’endurer cette période sombre». Lucide, le patriarche latin constate que l'année écoulée a appris aux chrétiens de Terre Sainte qu’ils ne peuvent compter les humains. «Combien de promesses ont été faites et n'ont jamais été tenues? Et combien de violence et de haine sont nées à cause des hommes?», interroge-t-il alors que les espoirs de cessez-le-feu sont, une fois de plus et comme toutes les autres, de plus en plus crédibles. Le cardinal Pizzaballa invite à la communauté latine de Gaza à s’enraciner plutôt en Jésus pour ne pas perdre espérance. Et de se lancer dans une ode «au jour d’après», à l’année zéro, qui tôt ou tard commencera.

 

«À la fin de la guerre, nous reconstruirons tout»

«Je ne sais pas quand ni comment cette guerre se terminera, et chaque fois que nous approchons de la fin, il semble que nous recommencions à zéro. Mais tôt ou tard, la guerre se terminera la fin de la guerre, nous reconstruirons tout: nos écoles, nos hôpitaux et nos maisons. Nous devons rester résistants et pleins de force», a-t-il déclaré, plein de force et de confiance. «Nous ne vous abandonnerons jamais et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour vous soutenir et vous aider.»

Et le cardinal italien d’exhorter surtout la petite communauté à ne pas laisser infiltrer la haine dans les cœurs. «Si vous voulez rester une lumière, nous devons rendre nos cœurs disponibles pour Jésus seul», a-t-il enjoint, conscient que l’année écoulée et ce deuxième Noël de guerre représentent un vrai défi pour la foi. «Jusqu'à quand, Seigneur?», pouvons-nous demander. «Aujourd'hui, nous répondons par notre volonté: ‘’Nous voulons que cette situation prenne fin rapidement, mais nous voulons rester avec Toi, Seigneur. Le Christ l'a affirmé en disant: ‘’Je suis Emmanuel’’, ce qui signifie ‘’Dieu est avec nous’’», a poursuivi le patriarche latin, souhaitant que chacun «reste ferme dans sa foi», «prie pour la fin de cette guerre», et «ait confiance totale dans le fait qu'avec le Christ, rien ne peut nous vaincre». En témoignent selon lui les nombreux miracles survenus au milieu des ténèbres de cette année. «Le monde entier, et pas seulement les chrétiens, a voulu vous soutenir et se tenir à vos côtés.»

Préserver l'unité, montrer notre différence

«Nous devons préserver notre unité pour maintenir la lumière du Christ ici à Gaza, dans notre région et dans le monde. Nous avons une mission, et vous devez aussi donner quelque chose, pas seulement recevoir. Le monde qui vous regarde doit voir à qui vous appartenez, si vous appartenez à la lumière ou aux ténèbres ? Appartenez-vous à Jésus, qui donne sa vie, ou à un autre?», a-t-il interrogé alors que des drones se font entendre en dehors de l’église.   

Achevant son homélie, le patriarche latin de Jérusalem a demandé aux catholiques de Gaza de faire remarquer au monde qu’ils sont différents, citant l’un de ses fidèles qui lui dit un jour: «En tant que chrétiens, nous n'avons pas de violence dans le sang. Nous voulons rester chrétiens et rester la lumière dans ce lieu.»

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22 décembre 2024, 15:30