Des contestations après l'annonce des résultats des élections du 9 octobre 2024 au Mozambique. Des contestations après l'annonce des résultats des élections du 9 octobre 2024 au Mozambique.  (AFP or licensors)

Crise postélectorale au Mozambique, le Pape prie pour une résolution pacifique

À l’issue de la prière mariale de l’Angélus depuis la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, le Pape a indiqué suivre «avec attention et préoccupation les nouvelles en provenance du Mozambique», dimanche 22 décembre. Dans ce contexte de crise postélectorale, à l’instar des évêques de ce pays d’Afrique australe, François a offert ses prières pour que «le dialogue et la recherche du bien commun, soutenus par la foi et la bonne volonté, l'emportent sur la méfiance et la discorde».

Plongé dans une crise postélectorale, le Mozambique attend avec fébrilité l’approbation des résultats des élections du 9 octobre par le Conseil constitutionnel d’ici lundi 23 décembre. Depuis l'étranger où il s’est réfugié, le principal opposant, Venancio Mondlane, continue à revendiquer la victoire, alors que la Commission électorale ne l’avait crédité que de 20% des voix. C’est le Frelimo, parti historique au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1975, qui a été proclamé vainqueur, son candidat Daniel Chapo ayant recueilli 71% des voix. Depuis l’annonce de ces résultats, une vague de contestations s’est déchainée sur ce pays d’Afrique australe faisant, en deux mois, au moins 130 morts, auxquels s’ajoutent les victimes du cyclone Chido, dont le bilan s’établissait dimanche à 94 décès dans le pays. Très suivi sur les réseaux sociaux, Venancio Mondlane a promis «le chaos» en cas de validation des résultats.


«Que le dialogue et la recherche du bien commun l'emportent sur la méfiance et la discorde»

Dans ses appels après la prière de l’Angélus dimanche, le Pape a exprimé sa préoccupation pour les nouvelles provenant de ce pays. François a renouvelé «à ce peuple bien-aimé» son «message d'espérance, de paix et de réconciliation». Le Souverain pontife a également offert sa prière, qui est en même temps son appel, «pour que le dialogue et la recherche du bien commun, soutenus par la foi et la bonne volonté, l'emportent sur la méfiance et la discorde».

«Prince de la paix, donne-nous la paix!»

Le 20 décembre, la Conférence épiscopale du Mozambique (CEM) a adressé un message de Noël intitulé «Prince de la paix, donne-nous la paix!» à ses compatriotes pour leur souhaiter un joyeux Noël et une nouvelle année 2025 bénie. Un message de paix, de joie et d'espérance, dans lequel elle exprime sa proximité avec eux et son désir d'avancer ensemble sur le chemin de la paix.

La collaboration de tous à la construction de la paix est la toile de fond de ce message dans lequel la CEM rappelle, avant tout, la signification de la Nativité du Christ, une célébration qui «est pour les Mozambicains, croyants et non-croyants, le jour de la Famille». Pour les chrétiens, Jésus est le Verbe de Dieu, venu enrichir de sa divinité les hommes et les femmes de tous les temps. «Dieu, plein de tendresse pour l'humanité, nous montre tout son amour et nous invite à lui faire confiance».


La paix entre Mozambicains

Dans ces attitudes, écrit la CEM, «nous pouvons contempler la gloire de Dieu et la paix entre les hommes». Une invitation à «rendre gloire à Dieu et à construire, avec le Christ, la paix sur terre, la paix dans les cœurs, la paix entre les hommes et la paix entre les Mozambicains». «Préparons-nous à célébrer la paix avec le Christ, le Prince de la paix», exhortent les évêques. La CEM rappelle ensuite que 2025 est l'année du grand jubilé de l'Église catholique, et qu'elle est aussi celle du 50e anniversaire de l'indépendance du Mozambique.

«Que ces célébrations nous conduisent à consolider la paix et l'harmonie entre nous», car – écrit l’épiscopat toujours à la deuxième personne du pluriel – «la paix que le Christ a apportée ne nous permet pas de nous égarer sur des chemins de discorde». Il nous encourage au contraire à «emprunter des chemins de justice, de réconciliation et de création d'une culture de la rencontre entre frères et sœurs d'une même patrie. Faisons confiance aux enseignements de la paix».

Dans l'attente des résultats des élections

Les évêques du Mozambique poursuivent en soulignant que ce temps d'attente et de célébration «coïncide avec la proclamation par le Conseil constitutionnel, le 23 décembre, des résultats des élections du 9 octobre». «Nous sommes conscients que les résultats ne satisferont pas tous les Mozambicains. Mais nous souhaitons qu'ils soient fondés sur la vérité électorale confirmée par des preuves vérifiables et crédibles».

Ils mettent tout le monde au défi de se poser les questions suivantes: «Quelle sera notre réaction face à un résultat qui ne correspond pas à nos attentes et à nos convictions? Comment la nécessaire gouvernance du pays peut-elle se poursuivre?» 

Privilégier l’amour du «pays bien-aimé»

«Quels que soient les résultats, -poursuivent-ils-  la seule voie à suivre est celle de l'amour du "pays bien-aimé" basée sur l'engagement pour la justice, la construction et la consolidation de la paix, de l'harmonie et de l'unité nationale. Utilisons toute notre créativité, notre humilité et notre intelligence pour construire la paix qui ne peut exister qu'entre tous les Mozambicains. Ouvrons-nous à un dialogue honnête, en mettant de côté tout ce qui pourrait le rendre difficile, voire irréalisable. La paix et le bien-être du Mozambique valent plus que tout intérêt personnel, de parti ou de groupe, qu'il soit national ou étranger».

Ils exhortent à ne pas céder «à la tentation d'emprunter la voie de l'imposition et de la répression ou de la violence et de la destruction, car l'imposition et la répression conduiraient à une coexistence forcée et vaincue, à la violence et à la destruction, à un pays polarisé et appauvri». Les évêques voient dans la Parole de Dieu, si elle est vécue, une ressource pour construire une coexistence qui «répond aux aspirations des jeunes, aux besoins des Mozambicains appauvris, au désir de paix de chacun d'entre nous».


Renoncer au luxe de quelques-uns pour garantir le nécessaire à tous

Selon la CEM, faire sienne la parole de Dieu permettrait de «renoncer au luxe de quelques-uns pour garantir ce qui est nécessaire à tous; renoncer à l'accumulation effrénée et avide de biens pour favoriser le développement du pays; abandonner l'exercice autocratique du pouvoir pour faire place à une gouvernance plus inclusive qui valorise les compétences et la diversité des opinions; abandonner le mépris pour faire place au respect, à l'honnêteté, à la confiance, à l'accueil, à la solidarité et à l'estime mutuelle». L'amour doit donc trouver sa place dans nos choix politiques, économiques et sociaux afin que notre patrie soit vraiment aimée et que le chemin de l'espoir soit ouvert pour tous les Mozambicains.

Les évêques concluent en exprimant leur espoir que l'esprit de Noël pénètre dans les familles mozambicaines et éclaire leurs délibérations et leurs choix. Ils exprimant leurs souhaits et offrent leurs prières pour que la nouvelle année trouve tout le monde engagé «dans la construction d'un Mozambique renouvelé» et que «chaque citoyen collabore à la construction de la paix».

Que Dieu bénisse le Mozambique

Le message de l’épiscopat mozambicain se termine en faisant échos aux mots du message du Pape François pour la Journée mondiale de la paix, qui sera célébrée le 1er janvier, en la solennité de Sainte Marie Mère de Dieu: «que 2025 soit une année où la paix grandit et est recherchée avec un cœur désarmé. Une paix qui ne vient pas seulement avec la fin de la guerre, mais avec le début d'un monde nouveau», où «la justice et la paix s'embrassent». «Que Dieu bénisse le Mozambique!», conclut le message signé par Mgr Inácio Saure, évêque de Nampula et président de la Conférence épiscopale du Mozambique.

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22 décembre 2024, 14:03